AU QUOTIDIEN
Les personnes vivant avec la dysphasie ont des difficultés au quotidien, mais si elles comprennent ce que l’on attend d’elles, elles sauront faire preuve d’une grande détermination et voudront faire les choses de façon plus autonome.
La personne vivant avec une dysphasie est une personne ayant une intelligence normale ou typique, mais qui a de la difficulté à communiquer et quelques fois à comprendre les informations transmises.
Il est important de comprendre que la dysphasie est un trouble qui se manifeste différemment chez chaque personne. Le nombre de difficultés associées est en lien avec la gravité de ce trouble de langage. Voici quelques difficultés qui peuvent être rencontrées:
- Communiquer, tant à l’oral qu’à l’écrit;
- Comprendre, tant ce qui est dit, qu’écrit, que transmis de façon non verbale;
Il est donc difficile pour ces personnes de comprendre les blagues et les affirmations à double sens. - Formuler leurs pensées et évoquer leurs besoins de façon adéquate selon l’environnement dans lequel elles se trouvent;
- Se souvenir (mémoire);
Il peut être difficile de mémoriser plusieurs informations à court terme, surtout si elles sont uniquement communiquées oralement. Il est donc important que les messages qui sont transmis soient simples et clairs, idéalement n'y intégrer qu'une seule information à la fois. L’utilisation d’un support visuel facilite souvent la compréhension; - Comprendre les concepts abstraits;
Les notions de temps et d’espace deviennent donc difficiles à comprendre pour une personne qui vit avec la dysphasie. Il sera plus facile pour la personne de saisir les éléments qu’elle peut voir, sentir ou toucher. - Généraliser et transférer dans d'autres situations des concepts et des consignes;
Par exemple, l’enfant peut utiliser le mot « chat » pour parler du chat qu’il possède à la maison. Par contre, il peut ne pas comprendre que ce mot représente aussi le chat de son voisin. Plus vieille, la personne vivant avec une dysphasie peut ne pas savoir utiliser un couteau différent de celui qu’elle utilise à la maison lorsqu’elle cuisine. - Anticiper;
Il peut être difficile pour une personne vivant avec la dysphasie de prévoir que, si elle va à la piscine, elle aura besoin de son costume de bain et de sa serviette. Cette difficulté peut aussi se retrouver dans plusieurs conflits interpersonnels. En effet, cette personne peut également avoir de la difficulté à comprendre, par exemple, qu’après avoir blessé son ami, ce dernier puisse avoir besoin de temps pour réfléchir. - Effectuer un raisonnement analogique;
La personne vivant avec une dysphasie peut avoir de la difficulté à faire des liens entre deux évènements semblables. Pour elle, même si 2 situations de la vie courante ou de mathématique ne diffèrent que sur un élément, par exemple compter des pommes ou compter des oiseaux , seront perçues comme deux situations différentes. Ces personnes ont donc souvent des difficultés à comparer des éléments entre eux. - Rigidités sur le plan comportemental;
Ces enfants ont de la difficulté à «faire semblant» dans des situations de jeu, comme lors de jeux symboliques. Tout ce qui sort de leur routine peut donc être une source importante d’anxiété. Aller dans un endroit où ils ne sont pas familiers avec de nouvelles personnes peut donc apporter son lot de réactions. - Difficultés d’attention.
La personne peut avoir beaucoup de difficultés à se concentrer sur une tâche lorsqu’il y a d’autres stimulus autour d'elle.
Cette liste permet de comprendre davantage les obstacles qui doivent être surmontés dans les différentes sphères de la vie. La dysphasie peut donc affecter le développement cognitif, affectif et social de la personne qui vit avec ce trouble.
Il n’est donc pas surprenant que ces personnes aient des difficultés sur les bancs d’école. À l’école, tout passe par le langage. Que ce soit pour comprendre les consignes de l’enseignant, comprendre un texte écrit ou s’exprimer verbalement, le langage est partout.

Les personnes vivant avec la dysphasie ont de la difficulté à comprendre le sens de l’information transmise ainsi qu’à se faire comprendre. Ces embûches peuvent produire des comportements de crise, de frustration ou d’opposition. Il est important de comprendre quelles causes viennent nourrir ce comportement. Simplement agir sur le résultat du comportement pourrait renforcer le sentiment de la personne à ne pas pouvoir communiquer et ainsi augmenter son isolement, sa détresse.
En raison de leur incapacité à comprendre entièrement leur environnement, les personnes vivant avec une dysphasie sont des gens qui nécessitent de l'encadrement et du soutien adaptés à leurs besoins. Sans avoir l'intention de mal faire, elles peuvent agir de façon inadaptée face à une situation ou ne pas répondre correctement à une consigne. Ainsi, ces maladresses peuvent devenir, en plus de ses difficultés d’expression, une autre source d'incompréhension pour ses pairs.
Les personnes vivant avec la dysphasie ont des difficultés au quotidien, mais si elles comprennent ce que l’on attend d’elles, elles sauront faire preuve d’une grande détermination et chercheront à devenir plus autonomes.
Forces
Les personnes vivant avec la dysphasie ont le désir de communiquer, mais ont de la difficulté à le faire. C’est comme s’ils étaient prisonniers de leurs mots. Il est donc important de prendre le temps de les laisser s’exprimer. Ces personnes aiment apprendre et gagner en autonomie. Lorsque les consignes sont claires, elles sont d’excellents travailleurs.
Elles sont aussi des personnes habituellement :
- Collaboratrices, lorsque le lien de confiance est présent;
- Persévérantes, lorsqu’il s’agit d’atteindre leur objectif;
- Intelligentes;
- Authentiques;
- Curieuses;
- Astucieuses.
Elles ont aussi un très bon sens de l’observation.
Puisqu’elles désirent s’intégrer comme les autres personnes de leur âge, les personnes ayant une dysphasie utilisent leurs forces et différents moyens d’adaptation qui leur sont propres pour réussir malgré leur handicap invisible.

Besoins
Les personnes vivant avec la dysphasie ont les mêmes désirs que les personnes sans trouble langagier. De ce fait, certains éléments de base sont nécessaires dans leur quotidien.
Voici quelques exemples des besoins d’un adolescent vivant avec la dysphasie :
- Avoir un lien de confiance significatif avec un adulte;
- Se connaitre (Connaitre ses préférences, ses goûts, ses opinions, ses envies, etc.);
- Développer des aptitudes pour augmenter son autonomie et utiliser les ressources d’aide;
- Comprendre comment entrer en relation et savoir l'entretenir.

Communication avec les personnes ayant la dysphasie
Comme la dysphasie peut affecter la compréhension d’un message, il est important de vérifier si la personne vivant avec la dysphasie a bien compris l’énoncé ou la consigne. Pour ce faire, lui demander ce qu’elle a compris, de répéter dans ses mots ou de ressortir ce qui est important dans le message peuvent éviter toute ambiguïté entre deux personnes. Il est important aussi de lui donner du temps après une question pour y réfléchir et la comprendre.
Afin de faciliter la communication, nous pouvons :
- Établir un contact visuel;
- Utiliser des phrases courtes et simples;
- Lui donner des consignes claires, une à la fois;
- Insister sur les éléments informatifs les plus pertinents, les mots clés;
- Offrir des exemples visuels (pictogrammes, démonstrations).
Si nous avons de la difficulté à saisir ce que la personne dit, nous pouvons :
- Se référer au contexte qui l'a mené à vouloir communiquer;
- Lui demander de faire des gestes;
- Lui poser des questions de plus en plus précises.
Décortiquer les tâches à faire en plus petites étapes et utiliser des séquences sont des moyens facilitant la compréhension et donc la réalisation de ce qui est demandé. Il est important de se rappeler que dans la majorité des cas, les personnes vivant avec la dysphasie souhaitent vraiment accomplir la tâche avec succès et répondre aux attentes. Dans bien des cas, si une tâche n’est pas accomplie, c’est qu’elles ont mal compris les consignes.
Il est donc important de prendre le temps de valider la compréhension de la personne plutôt que de réagir de façon impulsive par des paroles et des gestes. Une telle réaction pourrait contribuer à une dévalorisation de soi chez cette personne puisqu’elle voulait bien faire.
Références
Fédération des syndicats de l'enseignement (CSQ). (2009). Les élèves à risque et HDAA. Page 23.